Le coiffeur

Le Coiffeur.

Nous z’autes les Berrichons, faut pas nous voir quand qu’on voyagent.
Tenez, j’ai un cousin. Gaston, Gaston Lucas. un éveillé des chaumières, l’bourreau des cœurs de Vierzon. Y d’vait passer 15 jours à Paris en tourisse, ah ben pour un berrichon il t’ait fier.
Fallait l’voir l’matin su’l’quai d’la gare. A 6 heures du matin il’tait là. Eveillé. Frais comme un gardon. Oh y v’lait pas louper son train, y partait à 8 heures, mais fallait qu’ça s’sache à la commune. I se r’dressait :
- Salut Joyeux, ça va t’y ?
- ça va mon gars, çavaçàvaçava, j’m’en vais à Paris pour une quinzaine ;
- salut salut salut çavabin çavabin çavabin.
Dâme pour y aller i y allait. Mais dame i y est pas resté 15 jours moij’vous l’dis, 3jours après il’tait r’venu.
Ben les copains font
- ben Gaston ben t’es donc pu à PARIS toi ?
- Ah dame non j’y suis pu. J’y suis pu pis ch’uis pas près d’y r’tourner. Mais quand tu penses à ç’qu’on m’a fait là-bas !?
Rin qu’à arriver à la gare de Waterloo ça a commencé. Ah non, c’est pas Waterloo, Austerlitz. Hin hin j’m’étais tromper de bataille. J’rigole mais on peut s’tromper il en a tellement gagné l’aute dans l’temps. Ah. Sacré Louis 16va.

Enfin bon, j’arrive là-bas, j’tais gêné j’tais pas rasé. Bin vas donc trouver un coiffeur su les Champs-Elysées quand qu’tu connais parsoune, pis pourr demander un renseignement aux gars d’Paris ben tu peux y aller. J’en attrappe un au vol, j’y dis
- Pardon monsieur, y a pas un coiffeur dans vot’quartier ??.
- Ooh mais si monsieur, maissi maissi maissi. Tenez, juste en face de vous, de l’autre côté de l’avenue, c’est un coiffeur, y aqu’a traverser. Heiein !!.
- Faut’j’traverse là ?. Ben dites donc v’êtes drôlement téméraire vous. Et vous avez rin de ç’côté là ?. Y a pas de eueuh ?
Bon, ben pisque faut y aller j’va y aller. Et dame j’yai été. J’suis parti en courant. Et ben j’suis arrivé d’l’aute côté avec un vélo qu’était pas à moi.

Et v’là t’y pas que j’me r’trouve d’vant un magasin moderne, un machin qu’était éclairé tout au nylon. Pensez ben qu’j’avions jamais vu ça cheu nous. Yavait’y pas marqué HAIRDRESS LADIES GENTLEMEN. Eh ben pour un berichon, ça fait drôle. Mais après tout que j’suis t’ybête, mais si c’est là tant pis si hairdress faut les couper. J’vas pour rentrer lad d’dans , v’la t’y pas que j’m’emmanche dans une porte à tourniquet, ah ça c’est un machin plus tu tourne moins tu sors. Et j’m’en suis tapé 5 tours. Heureusement qu’y avait l’aute qui m’poussait autrement j’crois ben qu’j’y s’rais encore.
Et là j’me r’trouve d’vant des gars habillés en blouses blanches. On aurait dit des chirgiens tistes. Sissi des chirgiens tistes. Y en avait une douzaine qu’était là à rin faire. Ben j’me dis ça va couter plus cher que j’pensais, moi j’vas m’en aller.
Ben vas don t’en aller toi tin. Y en avait quat’qui m’barrait la route. Oh j’me dis avec quat’gars comme ça pis la porte, j’en sortirais jamais. Et ben j’ai pas eu l’temps d’causer, y-en a un, y m’attrappe, y m’fout dans un fauteuil,
- shampoing ? qui m’fait.
Ben vas don répondre quand qu’tu sais pas l’étranger. Tant pis, j’demande rin,
- allez shampoing! que j’fais. Ah ben qie qu’j’avais dit là. Le v’la t-y pas qui m’quitte mon chapiau, y m’fout une espèce de badigeon su la tête y s’mer à m’la s’couait dans tous les sens y m’en filait l’tournis. J’me r’lève, I m’rassois.
Et pis y m’ont envoyer une gamine qu’avait des yeux, des yeueueux.
A S’approche, a m’fait
- Manu?
- J’dis Manu? Oh ça peut pas ête moi, ma pauv’dame, j’m’appelle Gaston.
A m’dit :
- manu ou pas manu?.
Ben j’dis c’est encore un machin que j’connais pas, j’dis
- allons-y pour l’manu, on verra ben. Ah là j’le r’grette pas, eueueuh, j’ai t-y rigolé !.
V’là t-y pas que ç’te gamine que j’connaissais pas, a s’approche de moi, a m’attrappe les mains a m’lè fout dans un bol a m’dit faut qu’ça trempe. Pis quand ça été trempé comme a voulait a m’lè retire une par une, a m’faisait des agaceries, a m’tirait des s’tits bouts d’piau ça partait d’partout, après a m’a foutu une espèce de bout d’vernis su les ongles A m’dit faut s’couer les mains pour qu’ça sèche. T’aurais dit une poulette en frayeueueur.

Après, y m’ont envoyé un chinouais, non mais rendez vous compte, un chinouais, moi qu’avais pas compris les autres. Y s’approche, y m’fait :
- pédi pédi missié ?
Ooh, j’tais parti à la rigolade, j’dis :
- allons-z-y pour’l’pédi pédi missié on verra ben.
Eueuh l’malheureux, eueuh l’pauv’tit chinouais, dame ! c’était pas les grosses chaleurs, mais il a pas pu résisté. C’est ben simple, j’avais jamais vu un chinouais changer d’couleur. Il est parti en courant.
Et j’l’entendais qui m’criait en chinouais.
- Air-wiiiick, Air-wiiiick.
Beueuh! point d’m’affoler, j’comprends poin l’chinois.
Après, y m’ont fait passer à la caisse. Et c’ê’qu’la gamine qu’était à la caisse, a parlait ben l’français moi j’vous l’dis. Manu pédi shampoing, 5000 FRANCS. Non mais rendez vous compte, 50 francs nouveaux, et y m’avaient même pas raser la couainne! Mais j’ai pas fait de scandale, j’ai payé, mais j’dis mon vieux Gaston, on n’est pas prêt dety’r’prendre vas. J’sors de là d’dans, hin hin hin comme j’peux.
Et ben, j’avais pas fait 200 mètres su les champs élysées, y avait-y pas une espèce de gars, (pis un gars ben habillé pis tout hein). I me r’gardait, moi j’le r’gardais. Y m’souris, moi j’y souris. Y s’approche, y m’faiait, bonzou ! bonzoubonzoubonzoubonzou ! Oh il a l’air de m’connaître, mais c’est pas un gars d’la commune. Y s’approche un peu pus prêt, y m’fait.
- Pédé ?
Euh ben v’la t’y pas que j’suis tombé sur un coiffeur en civil ! Alors là j’me suis foutu en colère hein ! J’dis :
- non ! J’viens de sortir de yerdress que ça m’a coùté 5000 francs. Ton machin qu’tu dis, moi j’sais pas ç’que c’est, tu peux te l’foute quêque part, et pis à la r’voyure. Jamais j’lai r’vu.